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Chroniques d'une étudiante pas tout à fait comme les autres
20 avril 2014

Triple message, triple critique

      Aujourd'hui est un double message, voire même un triple message, car cette semaine de vacances été riche en expositions et en livre. Me voilà donc prête à parler de l'exposition Delacroix et Shakespeare, celle sur Van Gogh et Artaud, et le livre Karoo de Steve Tesich.

CV Karoo

     Commençons par le livre. Il s'agit d'un bouquin que j'avais bien envie de lire, car j'en avais vu la pub dans le métro, et qu'il est dans la sélection pour le livre de l'année 2014, de l'édition Points. Il s'agit en réalité d'une nouvelle édition en poche, d'un livre qui a été publié en 1996, deux ans après la mort de son auteur. Karoo met en scène un héro éponyme, Saul Karoo, un homme de cinquante ans, mythomane, malade, incapable de vivre une relation si elle n'est pas observée par un public quelconque. Un homme sans femme, sans véritable travail, sans passion, sans assurance-vie. Un homme avec une vie intérieure presque schizophréne, qui hésite entre plusieurs personnalités, celle qu'il montre au public, celle qu'il joue pour lui, et celle qui est pour lui la vraie, au fin fond de lui et dont on a parfois un écho. Un homme que l'on détesterai avoir dans son entourage, alcoolique et lourd comme il est, mais qu'on se surprend pourtant à aimer dans ce livre, au point de souhaiter qu'il réussisse à aimer son fils et la femme qu'il a rencontré, et d'espérer qu'il guérira. Je me suis vraiment attachée à lui.
Outre cela, c'est un livre qui est particulièrement bien écrit. Le style est fluide, noir et cynique à souhait, si bien qu'on rit de ce pataud de Saul, tout autant qu'il nous fait pitié. La focalisation étant purement interne, on en vient à se demander si la scène se déroule réellement comme cela, et presque à souhaiter avoir une autre version du livre, avec une autre focalisation, pour vérifier les dires de notre héro mythomane. Après tout, puisqu'il ment a tout le monde, ne se ment-il pas aussi à lui même, et de fait à nous, par la même occasion ?
Finalement, si j'ai une critique dans ce livre, c'est la fin totalement hallucinée, qui gâche le livre, et gâche tout ce qu'on a lu avant. Et cela est tout de même bien dommage, car en plus d'être une belle histoire d'amour, ce livre est aussi une critique féroce de la société américaine, de l'industrie du cinéma (dans laquelle l'auteur a travaillé en tant que correcteur de scénarios, comme notre héro), et du début de la communication à tout-va, dont Steve Tesich serait probablement effrayé s'il pouvait voir ce qu'elle est devenue aujourd'hui.

Finalement, ce livre est beau. Il est beau au niveau de la couverture, au niveau de son écriture, au niveau de sa portée. Mais la fin est vraiment nulle.

 

expo-peinture-eugene-delacroix-fils-legitime-shakespeare

      Les expositions maintenant. La première exposition, Delacroix et Shakespeare, je l'ai faite par pur plaisir : c'est une époque que j'aimeparticulièrement en art, et un peintre que j'admire. Mais aussi, probablement le thème de mon master, à savoir l'illustration des "nouvelles oeuvres classiques" par la lithographie et les estampes. L'exposition trouve place dans la dernière maison de Delacroix, son dernier atelier, et on retrouve aux murs la série sur Hamlet, et celle sur Roméo et Juliette, avec dans les vitrines les pierres lithographiques qui ont servi à ces publications. J'ai été touchée de voir ces oeuvres que je n'avais vu qu'en reproduction dans les livres, encore plus dans la maison de Delacroix.
La seule déception serait, comme toujours la manière dont les oeuvres sont éclairées, qui fait qu'on les voit mal, comme toujours avec les musées étant faites par le musée du Louvre. Je déteste voir les tableaux avec les énormes tâches de lumière dessus, au point qu'on ne parvient même pas à les voir correctement. Mais que voulez-vous, le Louvre, comme toujours.

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      C'est un problème qu'on ne retrouve pas à Orsay, dont l'exposition Van Gogh, suicidé de la société, est une réussite particulière. Il s'agit d'une exposition qui se base sur le texte écrit par Artaud, suite à l'exposition de 1947 présentant les oeuvres de Van Gogh interprétée comme les oeuvres d'un fou. Artaud, étant lui-même interné n'a pas supporté que l'on considére que les oeuvres de Van Gogh étaient celles d'un fou, avant de les considérer comme des oeuvres à part entière. Son texte, ainsi, défend les tableaux de Van Gogh comme étant les peintures d'un artiste à part entière capable d'une lucidité sans pareille sur sa maladie, et sur le monde. Pour résumer ses mots les plus forts, après avoir vu les oeuvres de Van Gogh, qui ne sont que des peintures, on ne peut plus voir la nature de la même manière qu'avant, sans penser aux tableaux de l'artiste.
L'exposition alterne les salles présentant des oeuvres de Van Gogh, accompagnées de textes d'Artaud particulièrement incisifs, et les salles présentant des photos d'Artaud et certains de ses dessins, le montrant lui aussi comme un artiste à part entière, ayant une vue sur le monde particulièrement forte du fait de ses médicaments, et des éléctrochocs. Les tableaux ont tous une explication intéressante, mettant en lumière à la fois le point de vue d'Artaud et celui des psychiatres sur les peintures de Van Gogh, l'éclairage est tamisé juste comme il faut, et les salles assez spatieuses pour qu'on ne s'énerve pas à cause du monde. Bref. Une vraie belle exposition d'Orsay.

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Commentaires
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Chroniques d'une étudiante pas tout à fait comme les autres
  • Parce que lorsqu'à 22 ans, on a une maladie orpheline, des études d'histoire de l'art, des problèmes de kg en trop, des livres à faire découvrir, une vie de folle... On est une étudiante pas tout à fait ordinaire. Bienvenue dans mon monde.
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