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Chroniques d'une étudiante pas tout à fait comme les autres
16 mars 2014

Monuments men, de George Clooney et autres palabres

    Cela fait sacrément longtemps que je n'ai pas écrit, mais cela fait aussi sacrément longtemps que je n'étais pas allée au cinéma faute de temps et de moyens. Et cela fait aussi longtemps que je n'ai pas lu de livres dignes de ce nom. Mais hier soir, je suis allée voir Monuments men, réalisé par George Clooney, avec des amis. Evidemment, j'étais plus qu'enthousiaste à l'idée de me rendre à cette séance de cinéma : pour une fois qu'un film sur la Seconde guerre mondiale ne traitait pas du génocide (dont évidemment je ne nie pas l'horreur), mais du vol et de la destruction de milliers d'oeuvres par les Allemands... Cela ne pouvait être qu'un sujet me touchant. Sauf que ce fut un échec.

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      Le film s'inspire ainsi de l'Histoire, avec un grand H, dans laquelle un groupe d'hommes a joué un rôle fondamental dans la sauvegarde des oeuvres d'art. Le Fuhrer avait pour projet de créer dans sa ville natale un musée international réunissant les plus grands chef d'oeuvres du monde. Et accessoirement, il souhaitait aussi en garder pour lui. N'oublions pas qu'avant d'être le dictateur que nous connaissons tous, il a eu une brève carrière de peintre (râté), et qu'il était passionné par l'art. Alors que les troupes allemandes occupaient les différents pays, les maisons ont été pillées, les oeuvres particulières réquisitionnées, et des centaines d'oeuvres d'artistes contemporains telles que Picasso et Max Ernst ont été brûlées sur la place publique, étant des oeuvres "dégénérées", mot qu'affectionnait le tyran. Quelques hommes ont donc formé une troupe, sous l'égide d'un commandant américain, pour tenter de récupérer les oeuvres, dans le but ensuite de les rendre à leurs propriétaires légitimes. Je ne vais pas vous spoiler en vous racontant comment et où ils les ont trouvé, mais ils sont quand même parvenus à sauver des milliers d'oeuvres du "projet Néron" d'Hitler qui ordonnait la destruction des oeuvres si jamais le Reich devait tomber. Outre l'aspect historique, le film est intéressant dans le sens où il s'interroge sur la valeur de l'art dans une société, et prend le parti de dire qu'une vie humaine peut largement valoir une oeuvre d'art, celle-ci étant la garante de ce qu'est l'humanité. Le Fuhrer a voulu s'approprier des oeuvres qui finalement n'ont aucun maître, si ce n'est l'humanité. Mais il a un gros défaut. Enorme même. Le sujet est fondamental, et pourtant, on n'y croit pas.

      Entendons nous bien. Je sais parfaitement que l'histoire racontée est vraie. Qu'il y a réellement eu des oeuvres détruites et perdues à jamais à cause des actions nazies. Et je déplore que même en histoire de l'art, nous n'en parlions pas ; on n'hésite pas à étudier des oeuvres disparues en archéologie, mais en histoire de l'art, c'est une oeuvre histoire... C'est un aspect de l'histoire totalement mis de côté, ce qui a le don de m'exaspérer - même pour trouver un livre sur ce thème, on doit souvent l'acheter d'occasion, puisqu'ils ne sont plus édités. Et c'est bien pour ça que j'étais ravie qu'un blockbuster américain s'empare du thème. Mais le film est tellement mal fait que ça tourne à la catastrophe, et que finalement, on ne retient pas ce qui est important, mais bien plus toutes les incohérences absolument exaspérantes, le doublage mal fichu, le jeu mal fait, et le montage absurde. Tout de même, au bout de plus de deux heures de film, je ne parvenais toujours pas à me souvenir du nom des personnages, si ce n'est le seul féminin. Si je me suis sentie mal face aux oeuvres détruites, c'est bien plus à cause de ma sensibilités à l'art que parce que c'était bien fait. En fait, le problème peut se résumer en une phrase : le film n'a pas su choisir entre un ton léger et un ton grave, si bien qu'il alterne les deux au point d'en devenir absurde. Et assez WTF en fait. Pour conclure sur ce film : le thème est génial, Matt Damon est vraiment très beau, mais c'est absolument totalement râté. Et cela est bien dommage.

 

      Il n'empêche que dans la voiture sur le chemin du retour, cela a posé beaucoup de questions, notamment celle de savoir s'il valait mieux sauver une oeuvre ou un homme. Et le problème est que selon moi, il vaut mieux sauver l'oeuvre. Et ce pour une raison très simple. Je ne renie absolument pas l'atrocité des génocides et des guerres, je préférerai qu'il n'y en ai pas. Mais pour moi, il y a de toute manière beaucoup trop d'hommes sur Terre, et l'humain est une espèce qui de toute manière repousse toujours. Il y aura toujours des hommes. Sauf qu'une oeuvre d'art détruite, elle ne reviendra jamais, elle ne repoussera plus jamais. Or, pour moi, annihiler l'art c'est juste ôter aux générations futures, celles des humains qui va nécessairement revenir la capacité de s'interroger sur son passé, sur son état et créer une génération stupide, et très facilement malléable. Alors entre détruire tous les hommes, et détruire toutes les oeuvres d'art... Je préfére encore que l'on détruise tous les hommes, pour leur éviter de retomber dans un état d'asservissement total. Et j'ai pour appuyer mon propos un exemple très simple : l'art est précisément le moyen privilégié pour les dictateurs de tenir sous leurs jougs des milliers d'hommes - en détruisant le passé d'une civilisation, on détruit sa faculté de penser.

      Alors je suis désolée, mais quand je vois la guerre en Syrie, je suis tout autant traumatisée par le sort des enfants que celui des architectures et des oeuvres d'art détruites.

      La question qui vient immédiatement ensuite bien sûr est celle de savoir qu'est ce qu'une oeuvre d'art. Et là, je n'ai pas de réponse, mais que des impasses. L'oeuvre d'art est ce qui ne sert à rien - dans ce cas, l'architecture n'est pas de l'art ? L'oeuvre d'art est une oeuvre faite par un génie - soit, mais qui décide du statut de génie ? Pourquoi il faudrait que Hugo soit un écrivain plus important que Stephen King ? Après tout, quand on y pense, au moment où une oeuvre d'art est créée elle est en général dénigrée... De Vinci n'était-il pas complétement fou, au point d'être chassé de son propre pays ? (Souvenez vous en, ceux qui disent que la Mona Lisa devrait revenir à l'Italie). Je suis absolument incapable de dire ce que fait un chef d'oeuvre. Je n'ai qu'une simple piste à proposer : l'oeuvre d'art, c'est peut être tout simplement celle sur laquelle on va réfléchir, et qui va profondément nous toucher. Que ce soit dans le domaine de la peinture, de la sculpture, de l'architecture, de la littérature, du cinéma, de la musique... Et aussi une chose à affirmer : l'art est absolument fondamental. Point.

 

      Sinon... Je dois avouer qu'entre mes cours à la fac, mon travail à la bibliothèque de Jussieu le soir, les cours que je donne certains soirs et en week end, mais aussi mes dimanches avec mes amis, je n'ai plus grand temps de tenir ce blog, de me tenir au courant de ce que devient le monde autour de moi. Je n'ai plus vraiment le temps de penser à moi tout court. Je ne me plains pas, j'adore ça, être sans cesse occupée.

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Chroniques d'une étudiante pas tout à fait comme les autres
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Chroniques d'une étudiante pas tout à fait comme les autres
  • Parce que lorsqu'à 22 ans, on a une maladie orpheline, des études d'histoire de l'art, des problèmes de kg en trop, des livres à faire découvrir, une vie de folle... On est une étudiante pas tout à fait ordinaire. Bienvenue dans mon monde.
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