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Chroniques d'une étudiante pas tout à fait comme les autres

5 septembre 2014

Après plus de trois mois...

      Je reviens après plus de trois mois de silence, avec des tonnes de choses dans la tête, et pas mal de choses à dire. Non pas que j'avais rien à dire pendant ces trois, mais plus que je n'avais pas le moral, et écrire était donc assez difficile. J'étais quelque part en train de grandir d'un coup. Cela ne m'a pas empêchée de faire des expositions, de lire pas mal de livres, de voir quelques films. Mon dernier coup de coeur, qui selon moi mérite sa place dans ma bibliothèque en version collector : Les Gardiens de la Galaxie. Je me suis d'ailleurs acheté une plante que j'ai nommé Groot, qui se plaît beaucoup dans ma chambre de transition (deux déménagements en moins d'un mois, vous y croyez vous ?). Alors pourquoi je reviens ?

      Parce que je viens de terminer un livre qui mérite un article, qui mérite d'être connu, acheté, emprunté, lu, adoré et partagé. Il s'agit de Comment j'ai cuisiné mon père, ma mère... et retrouvé l'amour de Browne. J'avais repéré ce livre il y a un sacré bout de temps, mais je n'aimais pas du tout la couverture en broché, et comme d'habitude il était trop cher pour ma bourse d'étudiante toujours fauchée. Du coup, quand je l'ai vu en poche, avec un très jolie image en quatrième de couverture à ma dernière visite à Gibert Joseph, autant avouer que j'ai craqué sans hésiter une seconde. Et croyez moi, j'ai bien fait. Il fait parti de ces livres que je conseillerai vraiment à tout le monde.

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      Mais commençons par le début, et par vous résumer l'histoire. Andy est un zombie. C'est-à-dire qu'il s'est réveillé deux jours après sa mort provoquée par un accident de voiture et qui a vu la mort (définitive celle là) de sa femme dans la salle d'embaumement. Après quelques moments, il a compris qu'il était mort, et revient donc chez lui. Sauf qu'il a tous les défauts d'un zombie : il se décompose peu à peu et doit donc boire des produits contenant du formol (comme du shampooing - note pour moi même, il faut vraiment que je vérifie si j'ai du formol dans mon shampooing), pour essayer d'endiguer ce détail assez gênant. Lors de son accident, il a perdu l'usage de son bras et de sa jambe gauches, si bien qu'il boite comme un vraie zombie dans un film d'horreur de Romero. Enfin, comme si cela ne suffisait pas, il a perdu l'usage de sa voix, ses cordes vocales ayant été broyées lors de l'accident. Ses parents ne sont donc pas enchantés de le voir revenir. Son père va le rejeter, sa mère être dans le déni et lui s'enfermer dans la cave à boire tout le vin hors de prix de son père en s'abrutissant devant la TV. Il ne sort que pour les réunions de soutien, où il recontre d'autres zombies, tous plus ou moins en bon état, mais qui peuvent parler. Et il va se lier peu à peu avec eux.
On apprend dans la première moitié du livre comment un zombie peut vivre au XXIe siècle, dans le Wyoming. Et bien croyez moi que c'est difficile. Lui, il ne veut qu'une chose : se réintégrer dans la société, revoir sa fille Annie, et pouvoir vivre. Car même s'il ne respire pas, il est une personne. Il essaye de le manifester, mais à chaque fois qu'il sort, les "respirants" appellent la SPA et il se retrouve dans un cage, ses parents devant payer 200 dollars pour le "récupérer". Car comprenez bien que n'étant plus un humain à prprement parler puiqu'il est dans une sorte de "mort-vie" il n'a absolument strictement aucun droit sinon de vivre dans son coin, de se faire insulter et démembrer par des respirants un peu extrêmistes. Les animaux ont plus de droit que lui. Son père le menace d'ailleurs fréquemment de le donner à un zoo, ou à un laboratoire pour que ses organes lui soient enlevés un à un, jusqu'à qu'il n'existe vraiment plus du tout. C'est d'ailleurs tout le paradoxe dans ce livre, et le "témoignage" de ce livre en est d'autant plus touchant : il pense, il souffre, il vit terriblement mal le fait d'être coupable de la mort de sa femme, de vivre loin de sa fille, de sentir mauvais, d'être rejeté par tout le monde. Si bien qu'on finit par le penser vivant, et qu'on s'insurge contre le traitement qui lui est infligé. Mais sérieusement, si je croisais un zombie... Est ce que j'arriverai à m'empêcher d'hurler et de fuir en courant ? Ah, les préjugés véhiculés par les films... Ce qui rend ce "témoignage" encore plus oignant c'est que toutes les questions qui seraient normalement abordées dans un livre habituel comme : pourquoi on devient zombie, qu'est ce qui se passe dans le corps et tout ce bla bla scientifique n'est quasiment pas évoqué, précisément aprce qu'Andy ne connaît pas les réponses.

      Cela me rappelle bien des sujets (qui sont d'ailleurs mis en parallèle dans le livre). Les Noirs n'ont ils pas été pensés comme des bêtes ? Les Juifs comme une "race" à exterminer ? Les femmes ne sont elles pas encore considérées comme de objets par les médias, cantonnées à un rôle de femme au foyer qui sourit et qui fait bien le ménage ? Après tout, même certain(e)s de nos politiques expliquent que les femmes devraient avoir le droit de NE PAS travailler pour rester chez elles et être de bonnes mères au foyer éduquant tout plein de petits enfants pour notre merveilleux Etat français. Bref. Je m'égare.
Ce livre m'a finalement carrément fait penser à un témoignage réel ; seuls les passages parfois un peu gores me ramenaient à la réalité (ils étaient d'ailleurs autant fait par des zombies que par des respirants ; détail à noter). Mais seulement pour me la faire voir telle qu'elle est : absurde car cataloguant des catégories de personnes qui ppourtant pensent et ont des projets de vie. Oui, même pour un mort-vivant. Je ne vais pas vous en raconter plus sur ce livre, car moi la suite m'a mis une sacré claque, dont je ne me remets toujours pas, même après presque deux jours, et je veux vous laisser le loisir de la découvrir. Mais pour moi, le message est clair : ne jamais, jamais opprimer une catégorie de personne selon des critères stupides ou des préjugés. Parce que quand ces personnes se révoltent, quand elles réclament des droits, leurs droits, et bien on peut avoir très mal. Vraiment.

 

      En cette période de vacances, particulièrement difficile pour moi parce qu'actuellement synonyme de stand by (en attente de mon déménagement, en attente d'une simple brochure de cours pour savoir ce que je vais faire, en attente de paiement de frais, bref, en attente), je ne cesse de lire. Tout le temps. Et de tout. Après mon petit épisode zombie, je me suis attaqué en parallèle à un livre apocalyptique et à un livre pour mes cours sur la condition de l'artiste au XIXe. Vous ais-je déjà dit à quel point ce siècle m'obsède ? J'ai absolument hâte d'être en master pour passer mon temps à l'étudier. Enfin, en vrai, là, j'ai juste hâte d'être en cours ! J'en parlerai peut être bientôt.

      Sur ce, je vous laisse, je m'en vais bouquiner avec un fond le concert de Patrick Bruel. J'ai grandi avec, je connais toutes ses chansons. Du coup, je chante. Heureusement que je suis seule ce soir !

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20 mai 2014

Gagner la guerre de Jaworski (ouiiiii), et Geekopolis !

      L'article concernera aujourd'hui deux choses que j'ai particulièrement aimé ces dernières semaines : le roman Gagner la guerre de Jaworski (ouiiiiii), et la convention Geekopolis à laquelle je me suis rendue dimanche. 

 

      On est parti pour le livre ! Jaworski est un auteur de fantasy français (pour une fois), qui publie ses livres à mon humble avis de manière extrêmement lente, mais passons. J'avais découvert son écriture et l'univers des Vieux Royaumes dans lequel se déroule Gagner la guerre grâce à un petit recueil de nouvelles Janua Vera. On retrouve entre autre dans ce petit recueil l'histoire de Benvenuto Gesufal ; ancien soldat, devenu voleur puis mercenaire à la solde d'une mystérieuse guilde d'assassins nommés les Chuchoteurs, il rentre de force au service du Patrice (autrement dit du chef de la ville) à la suite de diverses aventures. Gagner la guerre reprend ce personnage haut en couleurs, alors qu'il est déjà depuis longtemps au service de la maison Ducatore. Ciudalia vient de remporter une franche victoire sur l'un de ses ennemis séculaire, l'Empire, et les bâteaux sont sur le chemin du retour. Ensuite, pendant près de mille pages, nous avons les aventures de Benvenuto, utilisé comme un pion (mais pas très docile) par le Patrice dans le but d'asseoir un peu plus son pouvoir sur la ville.

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      Rien que le début est déjà assez original en soit : on ne vit pas la bataille, elle est déjà terminée, nous sommes du côté des vainqueurs et la seule chose qui reste à faire c'est partager le butin. Et c'est là qu'est le coup de génie de Jaworski : il nous fait comprendre que gagner la guerre, précisément, va bien plus loin que la bataille. Après elle, il y a les tractations avec l'ennemi, mais aussi avec ses alliés pour savoir qui va avoir la plus grosse part du gâteau. Et pour cela, les coups bas sont permis, dont l'assassinat du héro de la guerre qui vient de se terminer, ou encore des alliances secrètes avec l'ennemi. Et c'est précisément notre héro qui se colle à ses tâches ingrates. Benvenuto Gesufal est typiquement le genre de personnage que j'adore ; il est terriblement complexe, si bien que même si on exécre certaines de ses actions, on en vient quand même à trembler pour lui lorsqu'il se retrouve dans une situation délicate. On le déteste car il est macho, violent, sanguin, malsain et parfois vraiment revanchard, mais en même temps, on se sent proche de lui car au fil des pages on découvre son passé difficile et tortueux. Finalement, notre héro c'est une carapace que même les lecteurs ne peuvent percer. Sans compter que c'est un "vrai" héro, dans le sens où lors d'une bataille, même en sortant gagnant il est salement amôché et doit se reposer. Evidemment il récupère plus vite que la moyenne, mais malgré tout, un héro qui a le mal de mer et qui est sur un bâteau tout le premier tiers du livre, c'est quand même assez drôle... Et étonnament attachant.
      Etonnament, car l'écriture de Jaworski mélange des descriptions très crues avec des termes très raffinés, si bien que même moi qui ne suis pas très impressionnable à ce niveau là, j'ai failli vomir à un moment où Benvenuto est en train de se faire tabasser. Il parvient à rendre les scènes extrêmement réalistes, on est quasiment happé comme dans un film. En outre, et ce n'est pas rien pour une étudiante en histoire de l'art, Ciudalia, la République, est un savant mélange entre la République romaine, et les républiques italiennes de la Renaissance. Ainsi, le système politique est typiquement celui du consulat romain, alors que l'architecture (souvent décrite avec précision) relève d'une connaissance aigue de la Renaissance. Le palais des Masttiaga, famille importante du livre est quasiment le même que celui des Médicis à Rome. Ces faits "réels" si l'on peut dire sont par ailleurs mélangés avec des croyances religieuses assez complexes dont on ne parvient pas trop à comprendre les rouages, la présence de peuples magiques comme les elfes, les nécromanciens, les sorcières et les nains, mais aussi avec une Histoire qui n'est pas sans rappeler les campagnes d'Alexandre le Grand. Et tout cela de manière tout à fait naturelle.

      Bref. Ce livre est pour moi un petit bijou ; il est complexe, il nous surprend et ne cherche jamais la facilité. Sa lecture est très fluide, et nous coupe du monde extérieur. Si bien que j'ai avalé les mille pages du livre en moins d'une semaine (et pendant la période de révisions, bravo !). Du coup, j'ai hâte de lire ses autres livres, notamment Même pas mort qui se déroule à l'époque de la Gaule celtique et qui, selon les critiques, est tout aussi bein documenté que Gagner la guerre. Pour moi, cet auteur est un vrai génie. Et je dois vous avouer que je me damnerai pour lire une suite de ce roman ; l'univers est tellement foisonnant !! Même si je voudrais qu'il sorte plus vite ses livres, car j'y suis accro, je suis quand même contente de voir que depuis quelques années déjà il résiste aux pressions médiatiques et prend son temps. J'espère de tout coeur que du coup, ses livres ne perdrons pas en qualité comme ceux de Webber ou de Chattam et que je pourrai vraiment continuer à me déclarer Jaworskienne.

 

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       Geekopolis maintenant. Je dois avouer que j'ai eu connaissance de la convention un mois et demi avant et que depuis je trépignais d'impatience à l'idée d'y aller. Dieu merci j'ai pu avoir des places moins chères grâce au CE de ma belle mère, car si j'ai bien quelque chose à critiquer sur cet événement c'est son prix : 19€ pour rentrer, franchement c'est beaucoup trop cher. Mais je n'ai pas payer autant, donc je ne vais pas épiloguer la dessus.
      La convention est organisée en cinq grands quartiers avec chacun un thème bien précis : nous avons Nautilus qui réunit l'univers Steampunk, Avalon l'univers médiéval, Little Tokyo l'univers japonais, Métropolis celui de la SF et Teklab la technologie. Pour ainsi dire, malgré cette importance de quartier, la convention n'est quand même pas bien grande. Juste en faisant le tour et en regardant les stands, on avait fini en 2h30. Mais après il y avait plein d'endroits où s'arrêter, et où le temps tout d'un coup défilait. Dans Avalon, nous avons pu assister (mais avons pas eu envie de participer) à des parties de Quidditch, et de Troll-ball, mais nous avons aussi fait un jeu de piste (où on a évidemment rien gagner vu le peu de chance que nous avons !). Dans Teklab, de nombreux essais de jeux vidéos étaient proposés, que ce soit des anciens, des nouveaux ou des indépendants. Dans Little Tokyo et dans une partie d'Avalon on pouvait aussi s'arrêter à une table et être inité à un jeu de société ; en l'occurence nous on a essayé le jeu Dofus qui ne m'a pas convaincue (peut être aussi parce que je me suis fait matraquer). En plus de tout cela, il y avait des auteurs qui dédicaçaient leurs livres (dont Peter H. Hamilton qui est d'ailleurs une personne absolument adorable), et de nombreux dessinateurs. 
      Mais finalement, ce qui m'a le plus plu, c'est l'ambiance. On n'était pas du tout dans un logique commerciale, les grandes enseignes n'avaient pas forcément beaucoup plus de place que les autres, et les participants étaient surtout là pour nous faire partager leurs passions. Si bien que nous avons discuté avec de très nombreuses personnes, que ce soit les auteurs d'un jeu de rôle auquel on a commencé à jouer, des auteurs de romans, des auteurs de Fanzine, ou bien de vidéos. Mais aussi des artistes ou des artisans qui vendaient des objets faits de leurs mains (et le plus souvent à des prix extrêmement raisonnables). On a vraiment pu admirer plein de choses. Mon seul regret serait de ne pas avoir pu goûter à la nourriture japonaise, le stand embaumait quasiment tous les quartiers, mais près d'une heure de queue... Non merci !! Bref. Une expérience à refaire l'année prochaine, en croisant les doigts pour que cela ne soit pas happé par le commercialisme comme la Japan Expo...

 

Maintenant je vais de ce pas bouquiner réviser !

2 mai 2014

Alone, intégrale de Geha

      Les romans post-apocalyptiques ou d'anticipation c'est un peu mon truc. Alors nécessairement, quand j'ai entendu parler d'Alone de Geha, j'ai été intriguée. Les critiques étaient particulièrement bonnes, la couverture de la nouvelle édition très belle, et le livre de taille respectable. Je n'ai pas (trop) hésité avant de me lancer, et sincérement, je viens de trouver un nouveau livre numéro dans mon top 10 des meilleurs livres que je n'ai jamais lu (et beaucoup relèventde la SF, la Fantasy et l'Anticipation).

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      Le plus simple pour vous faire comprendre pourquoi ce livre est génial n'est pas de vous le dire, mais de vous le décrire. La nouvelle édition d'abord. Elle contient en réalité les deux tomes de l'histoire, A comme Alone et Alone contre Alone avec deux petites nouvelles dans le même monde, qui mettent une nouvelle lumière sur les histoires à proprement parler. Avant d'être édité, les textes ont été revus et corrigés par l'auteur lui-même, et il faut avouer que tous se répondent très harmonieusement ; je ne saurais donner mon avis par rapport à la première édition, puisque je ne les ai aps lu (et que pour les trouver maintenant, il faut s'équiper de tout un attirail d'archéologues). 
      Ces livres ont tous le même héro principal, Pépé (surnom de Peter-Perval, nom qu'il déteste, et on peut le comprendre), dont on ne connaît pas bien l'âge - j'ai fini par supposer qu'il avait environ 23 ans, selon les divers indices. Ce jeune homme est un survivant, mais surtout un guerrier. Il vit dans une France qui n'a pas survécu à l'Apocalypse, lorsque les machines se sont retournées contre les hommes les considérant d'un coup comme des déchets à nettoyer. Les villes sont maintenant des lieux où vivent des robots nettoyeurs, ou bien des mutants que les hommes précédents dans leur folie avaient créés. Accompagnés de mutations génétiques très étranges. Tout le monde s'en tient donc éloigné comme la peste. Désormais, il y a deux types de "civilisations" : les Alones, qui vivent seul ou à deux, qui sont nomades et qui survivent dans la nature, et les Rasses, qui sont des villages rassemblés (d'où le nom) sous le joug de despostes. Pépé est un Alone. Devenu "pote" avec un autre Alone, il l'accompagne dans Rennes, où il a une vision de son futur à travers un mutant, lui certifiant que sa compagne, qu'il croyait morte depuis trois ans est vivante. Il part donc à la recherche de Grise, son mentor et son seul amour. Et nous, on le suit dans cette quête complétement folle.

      Ce qui est particulièrement pertinent dans ce livre, c'est l'incroyable qualité de l'écriture. En effet, nous sommes à la troisième personne, mais comme le héro, Pépé, est une personne qui n'a pas une excellente maîtrise du français et qui est souvent très incisif, le texte est écrit de cette manière. Cela rend réellement très bien : on rentre totalement dans l'univers, dans le monde de Pépé et dès les premières pages et les premières aventures on est emporté dans ce monde et on tremble vraiment pour lui. Je regrette énormément que les livres n'aient pas duré plus longtemps, et je rêverai d'une nouvelle histoire dans ce monde ; même sans forcément reprendre les aventures de Pépé, le monde est bien assez intéressant et foisonnant en soit !

Pour conclure, j'ai absolument plus qu'adoré ce livre. Il est numéro 1 et passe même devant La Horde du Contrevent de Damasio, qui est pourtant exceptionnel aussi.

 

Sinon. Dans une semaine j'ai terminé les cours et je crains de m'ennuyer à mourir. Cela commence déjà, puisque j'ai déjà fait toutes mes fiches pour mes partiels et que je commence à tourner en rond. Alors je dessine et je suis en train de m'approprier un jeu de rôle My Little Pony. C'est déjà ça !

20 avril 2014

Triple message, triple critique

      Aujourd'hui est un double message, voire même un triple message, car cette semaine de vacances été riche en expositions et en livre. Me voilà donc prête à parler de l'exposition Delacroix et Shakespeare, celle sur Van Gogh et Artaud, et le livre Karoo de Steve Tesich.

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     Commençons par le livre. Il s'agit d'un bouquin que j'avais bien envie de lire, car j'en avais vu la pub dans le métro, et qu'il est dans la sélection pour le livre de l'année 2014, de l'édition Points. Il s'agit en réalité d'une nouvelle édition en poche, d'un livre qui a été publié en 1996, deux ans après la mort de son auteur. Karoo met en scène un héro éponyme, Saul Karoo, un homme de cinquante ans, mythomane, malade, incapable de vivre une relation si elle n'est pas observée par un public quelconque. Un homme sans femme, sans véritable travail, sans passion, sans assurance-vie. Un homme avec une vie intérieure presque schizophréne, qui hésite entre plusieurs personnalités, celle qu'il montre au public, celle qu'il joue pour lui, et celle qui est pour lui la vraie, au fin fond de lui et dont on a parfois un écho. Un homme que l'on détesterai avoir dans son entourage, alcoolique et lourd comme il est, mais qu'on se surprend pourtant à aimer dans ce livre, au point de souhaiter qu'il réussisse à aimer son fils et la femme qu'il a rencontré, et d'espérer qu'il guérira. Je me suis vraiment attachée à lui.
Outre cela, c'est un livre qui est particulièrement bien écrit. Le style est fluide, noir et cynique à souhait, si bien qu'on rit de ce pataud de Saul, tout autant qu'il nous fait pitié. La focalisation étant purement interne, on en vient à se demander si la scène se déroule réellement comme cela, et presque à souhaiter avoir une autre version du livre, avec une autre focalisation, pour vérifier les dires de notre héro mythomane. Après tout, puisqu'il ment a tout le monde, ne se ment-il pas aussi à lui même, et de fait à nous, par la même occasion ?
Finalement, si j'ai une critique dans ce livre, c'est la fin totalement hallucinée, qui gâche le livre, et gâche tout ce qu'on a lu avant. Et cela est tout de même bien dommage, car en plus d'être une belle histoire d'amour, ce livre est aussi une critique féroce de la société américaine, de l'industrie du cinéma (dans laquelle l'auteur a travaillé en tant que correcteur de scénarios, comme notre héro), et du début de la communication à tout-va, dont Steve Tesich serait probablement effrayé s'il pouvait voir ce qu'elle est devenue aujourd'hui.

Finalement, ce livre est beau. Il est beau au niveau de la couverture, au niveau de son écriture, au niveau de sa portée. Mais la fin est vraiment nulle.

 

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      Les expositions maintenant. La première exposition, Delacroix et Shakespeare, je l'ai faite par pur plaisir : c'est une époque que j'aimeparticulièrement en art, et un peintre que j'admire. Mais aussi, probablement le thème de mon master, à savoir l'illustration des "nouvelles oeuvres classiques" par la lithographie et les estampes. L'exposition trouve place dans la dernière maison de Delacroix, son dernier atelier, et on retrouve aux murs la série sur Hamlet, et celle sur Roméo et Juliette, avec dans les vitrines les pierres lithographiques qui ont servi à ces publications. J'ai été touchée de voir ces oeuvres que je n'avais vu qu'en reproduction dans les livres, encore plus dans la maison de Delacroix.
La seule déception serait, comme toujours la manière dont les oeuvres sont éclairées, qui fait qu'on les voit mal, comme toujours avec les musées étant faites par le musée du Louvre. Je déteste voir les tableaux avec les énormes tâches de lumière dessus, au point qu'on ne parvient même pas à les voir correctement. Mais que voulez-vous, le Louvre, comme toujours.

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      C'est un problème qu'on ne retrouve pas à Orsay, dont l'exposition Van Gogh, suicidé de la société, est une réussite particulière. Il s'agit d'une exposition qui se base sur le texte écrit par Artaud, suite à l'exposition de 1947 présentant les oeuvres de Van Gogh interprétée comme les oeuvres d'un fou. Artaud, étant lui-même interné n'a pas supporté que l'on considére que les oeuvres de Van Gogh étaient celles d'un fou, avant de les considérer comme des oeuvres à part entière. Son texte, ainsi, défend les tableaux de Van Gogh comme étant les peintures d'un artiste à part entière capable d'une lucidité sans pareille sur sa maladie, et sur le monde. Pour résumer ses mots les plus forts, après avoir vu les oeuvres de Van Gogh, qui ne sont que des peintures, on ne peut plus voir la nature de la même manière qu'avant, sans penser aux tableaux de l'artiste.
L'exposition alterne les salles présentant des oeuvres de Van Gogh, accompagnées de textes d'Artaud particulièrement incisifs, et les salles présentant des photos d'Artaud et certains de ses dessins, le montrant lui aussi comme un artiste à part entière, ayant une vue sur le monde particulièrement forte du fait de ses médicaments, et des éléctrochocs. Les tableaux ont tous une explication intéressante, mettant en lumière à la fois le point de vue d'Artaud et celui des psychiatres sur les peintures de Van Gogh, l'éclairage est tamisé juste comme il faut, et les salles assez spatieuses pour qu'on ne s'énerve pas à cause du monde. Bref. Une vraie belle exposition d'Orsay.

12 avril 2014

Le chevalier, T1 de Haut Royaume de Pierre Pevel

    

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      Il est de ces livres, qui, lorsqu'on les lit, on les trouve "gentils". Ils sont pas trop mal écrits, on apprécie de continuer, et parfois même on palpite avec le personnage. En général, ces livres là on finit par les oublier, ou les recommander juste parce que finalement ils fonctionnent bien. Pendant plus des trois quarts du dernier livre de Pierre Pevel, Le Chevalier, tome 1 de sa nouvelle série le Haut Royaume, c'est ce que j'ai pensé. Lorn est un chevalier qui a été injustement accusé de crimes graves, et qui a été enfermé pendant trois ans à Dalroth, une prison où le mal, l'Obscure règne en maître et où elle rend fous ceux qui y résident. Lui, n'est pas devenu fou, car il a été marqué par l'Obscure, si bien que désormais, il en a besoin pour vivre. Ce qui le répugne bien sûr. Au bout de trois ans, donc, il est libéré et a pour mission de sauver le royaume qui l'a trahit. Le livre se déroule sur le conflit interne du personnage, ne sachant pas si oui ou non, il doit réellement aider le Haut Royaume, s'il ne lui a pas fait trop de mal. Après tout, il a perdu sa position enviée de chevalier, il a perdu la femme qu'il aimait, son père est mort en son absence... Et il est un pion de l'Obscure à cause de ce sceau sur sa main. Autant dire qu'il y a de quoi se poser des questions ! Mais, comme je l'ai dit, ça fonctionne bien. De temps en temps, on se dit que l'auteur pourrait aller plus loin, que c'est un petit peu dommage, mais ça n'empêche pas de continuer à avoir envie de lire.

      Puis arrive la fin. Qui choque, qui prend au corps, qui éclaire tout d'un coup tout le livre. Et on se rend compte que tout ce que l'auteur a écrit a un sens, véritable. Par les vingt dernières pages, ce livre devient une référence dans le roman de fantasy. Un petit peu comme Feed, qui est une référence pour moi dans le genre "zombie". 

      Je peux difficilement en dire plus sans dévoiler l'histoire, et sans dévoiler la fin qui reste pour moi l'une des fins de roman les plus spectaculaire qui soit. Et c'est pas peu dire, alors lisez le. Maintenant, j'attends avec impatience la suite, parce que bien sûr il va y avoir plusieurs tomes. 

 

      Je suis actuellement en vacances dans le sud, où il fait bien beau mais pas si chaud que ça en fait (mon mal de tête est peut être pour quelque chose dans cette interprétation, soit), mais j'écris l'article en ayant vu sur les collines de la vallée du Périgord, et enivrée par le parfum de la glycine. Oui, je sais, j'ai de la chance. Mais c'est pour quatre jours, je cravache de nouveau après ! Alors passez du bon temps quand même en attendant que je finisse le prochain livre qui va me marquer...

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3 avril 2014

Les Lumineuses, de Lauren Beukes

 

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     Inclassable. C'est ainsi que je qualifierai le dernier livre de Lauren Beukes, Les Lumineuses. Inclassable, mais aussi étonnant, effrayant, prenant, et bizarre. Son premier livre, Zoo City m'avait déjà donné cette impression, avec la petit chose en plus non négligeable, l'attachement au personnage. Dans Les Lumineuses, on ne peut pas s'attacher au bourreau qui de toute manière est complétement fou et exempt de sentiments humains (et nécrophile en plus, tant qu'à faire), comme on ne peut réellement s'attacher à la victime qui est assez insupportable. Le seul personnage que l'on peut aimer est le personnage secondaire, qui nous ressemble (est-ce d'ailleurs pour cela qu'on peut l'aimer ?), et qui tente d'aider Kirby à retrouver son assassin - plus pour l'aider elle, que parce qu'il pense qu'il faut le faire d'ailleurs.

 

"Elle a survécu.

Il pensait l'avoir tuée.

Elle veut se venger.

Il va la retrouver."

 

      Un petit retour sur l'histoire. Harper est un fou. Mais un fou sanguinaire qui va être aidé dans son entreprise par la Maison qui l'aide à voyager dans le temps, et à retrouver ses victimes, à différentes époques. Enfant, quand il vient voir à quoi elles ressemblent, et adulte quand il décide que c'est le bon moment de les tuer. Quand il part, il laisse un indice anachronique sur le corps, que la plupart du temps, les policiers ne remarqueront même pas - jolie critique du système judiciaire soit dit en passant. Kirba est l'une de ses victimes, mais il va la "rater". Elle ne va pas mourir, et pour éviter de devenir folle à cause de ce qu'elle a vécu, elle va chercher par tous les moyens à le retrouver. C'est elle qui va faire le recoupement avec les objets, même si finalement elle n'arrivera pas à se faire entendre. Enfin, le dernier personnage important est Dan, qui va tomber amoureux de Kirby et va tenter de l'aider. Non pas dans un esprit de justice comme je l'ai dit précédemment, mais parce qu'il pense que lui occuper l'esprit est la meilleure manière pour qu'elle se sente mieux et cesse d'être comme elle est - une victime au très mauvais caractère. A côté de cela, il y a divers personnages, qui comme souvent avec cette auteure vont rester mystérieux ; on ne sait pas d'où ils viennent ni pourquoi ils font ce qu'ils font. Ils sont là parce qu'ils permettent de faire avancer l'histoire d'une certaine manière, et d'éclairer un petit peu plus les personnages les plus importants.

      Est ce que j'ai aimé ? A dire vrai je ne sais pas. Je suis assez admirative de l'ingéniosité de l'auteure, qui est vraiment douée pour imaginer des histoires a priori impossibles, et les mettre en scène de telle manière qu'elle parvient à nous tenir en haleine. Par contre, je ne peux pas dire que j'ai été touchée par les personnages qui ne sont absolument pas attachants. J'ai été intriguée par eux, par leurs caractères, par leur vie dont on a des petits bouts par ci par là, mais je n'ai pas tremblé pour eux. De la même façon, j'ai été bluffée par la qualité de l'écriture mais je ne me suis pas laissée embarquer dans l'histoire comme d'habitude peut le faire un livre. Finalement, j'aime le concept, j'aime la manière d'écrire mais je n'aime pas le livre. C'est tout à faire paradoxal, je le comprends et je le conçois tout à fait, mais je crois que c'est un souhait de l'auteure elle même. D'où le fait qu'elle soit inclassable.

29 mars 2014

La Vérité sur l'affaire Harry Quebert de Joël Dicker et des dessins

"Un bon livre Marcus, ne se mesure pas à ses derniers mots uniquement, mais à l'effet collectif de tous les mots qui les ont précédés. Environ une demi-seconde après avoir terminé votre livre, après en avoir lu le dernier mot, le lecteur doit se sentir envahi d'un sentiment puissant ; pendant un instant, il ne doit plus penser qu'à tout ce qu'il vient de lire, regarder la couverture et sourire avec une pointe de tristesse parce que tous les personnages vont lui manquer. Un bon livre, Marcus, est un livre que l'ont regrette d'avoir terminé".

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      Ce texte est quasiment le dernier du livre La Vérité sur l'affaire Harry Quebert de Joël Dicker, Prix Goncourt des lycéens 2012, et Grand Prix du Roman de l'Académie française 2012. Ce livre est juste une perle, une magnifique perle. Ce n'est pas seulement un thriller, où on essaye de savoir qui a tué une jeune fille, c'est aussi une réflexion sur l'Amérique, ainsi que sur la littérature - comme le pasage que j'ai mis le suppose d'ailleurs. J'ai été très touchée par les personnages, que ce soit l'auteur qui enquête, Marcus, ou la jeune fille sur qui il enquête, Nola, qui est pourtant morte depuis 33 ans. J'ai aussi été touchée par cette histoire d'amour entre un homme de 30 ans et une jeune fille de 15 ans ; amour interdit, et pourtant décrit de si belle manière qu'on ne peut que les supporter, et se désespérer de la mort de la jeune fille. Il est finalement très difficile de parler de ce livre sans raconter l'histoire... Je peux juste dire que j'ai adoré, et que c'est pour moi un très bon et très beau livre. Tout simplement. Evidemment, le fait que la couverture soit un détail d'un tableau d'Hopper ne fait que rajouter à mon admiration pour ce livre.

     Sinon, ma vie est sacrément complexe en ce moment. Mais j'essaye de quand même lire - preuve en est - et faire des expositions. La dernière en date est celle de Gustave Doré au musée d'Orsay. Expositio très belle dans le sens où j'aime énormément ce que fait cet artiste, mais absolument atroce quant à la muséographie. Séparée en deux de manière totalement abritraire, on se retrouve à comprendre des choses de la première partie à la fin de la deuxième... Je dirai donc qu'elle est plutôt râtée. La semaine prochaine je devrais aller voir celle sur Shakespeare et Delacroix, exposition qui touche directement à mon master, donc j'ai hâte de la faire. Et je dessine aussi, tout le temps.

1383786_10203379522713502_1164820653_n     La preuve en est avec ces lys.

 

16 mars 2014

Monuments men, de George Clooney et autres palabres

    Cela fait sacrément longtemps que je n'ai pas écrit, mais cela fait aussi sacrément longtemps que je n'étais pas allée au cinéma faute de temps et de moyens. Et cela fait aussi longtemps que je n'ai pas lu de livres dignes de ce nom. Mais hier soir, je suis allée voir Monuments men, réalisé par George Clooney, avec des amis. Evidemment, j'étais plus qu'enthousiaste à l'idée de me rendre à cette séance de cinéma : pour une fois qu'un film sur la Seconde guerre mondiale ne traitait pas du génocide (dont évidemment je ne nie pas l'horreur), mais du vol et de la destruction de milliers d'oeuvres par les Allemands... Cela ne pouvait être qu'un sujet me touchant. Sauf que ce fut un échec.

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      Le film s'inspire ainsi de l'Histoire, avec un grand H, dans laquelle un groupe d'hommes a joué un rôle fondamental dans la sauvegarde des oeuvres d'art. Le Fuhrer avait pour projet de créer dans sa ville natale un musée international réunissant les plus grands chef d'oeuvres du monde. Et accessoirement, il souhaitait aussi en garder pour lui. N'oublions pas qu'avant d'être le dictateur que nous connaissons tous, il a eu une brève carrière de peintre (râté), et qu'il était passionné par l'art. Alors que les troupes allemandes occupaient les différents pays, les maisons ont été pillées, les oeuvres particulières réquisitionnées, et des centaines d'oeuvres d'artistes contemporains telles que Picasso et Max Ernst ont été brûlées sur la place publique, étant des oeuvres "dégénérées", mot qu'affectionnait le tyran. Quelques hommes ont donc formé une troupe, sous l'égide d'un commandant américain, pour tenter de récupérer les oeuvres, dans le but ensuite de les rendre à leurs propriétaires légitimes. Je ne vais pas vous spoiler en vous racontant comment et où ils les ont trouvé, mais ils sont quand même parvenus à sauver des milliers d'oeuvres du "projet Néron" d'Hitler qui ordonnait la destruction des oeuvres si jamais le Reich devait tomber. Outre l'aspect historique, le film est intéressant dans le sens où il s'interroge sur la valeur de l'art dans une société, et prend le parti de dire qu'une vie humaine peut largement valoir une oeuvre d'art, celle-ci étant la garante de ce qu'est l'humanité. Le Fuhrer a voulu s'approprier des oeuvres qui finalement n'ont aucun maître, si ce n'est l'humanité. Mais il a un gros défaut. Enorme même. Le sujet est fondamental, et pourtant, on n'y croit pas.

      Entendons nous bien. Je sais parfaitement que l'histoire racontée est vraie. Qu'il y a réellement eu des oeuvres détruites et perdues à jamais à cause des actions nazies. Et je déplore que même en histoire de l'art, nous n'en parlions pas ; on n'hésite pas à étudier des oeuvres disparues en archéologie, mais en histoire de l'art, c'est une oeuvre histoire... C'est un aspect de l'histoire totalement mis de côté, ce qui a le don de m'exaspérer - même pour trouver un livre sur ce thème, on doit souvent l'acheter d'occasion, puisqu'ils ne sont plus édités. Et c'est bien pour ça que j'étais ravie qu'un blockbuster américain s'empare du thème. Mais le film est tellement mal fait que ça tourne à la catastrophe, et que finalement, on ne retient pas ce qui est important, mais bien plus toutes les incohérences absolument exaspérantes, le doublage mal fichu, le jeu mal fait, et le montage absurde. Tout de même, au bout de plus de deux heures de film, je ne parvenais toujours pas à me souvenir du nom des personnages, si ce n'est le seul féminin. Si je me suis sentie mal face aux oeuvres détruites, c'est bien plus à cause de ma sensibilités à l'art que parce que c'était bien fait. En fait, le problème peut se résumer en une phrase : le film n'a pas su choisir entre un ton léger et un ton grave, si bien qu'il alterne les deux au point d'en devenir absurde. Et assez WTF en fait. Pour conclure sur ce film : le thème est génial, Matt Damon est vraiment très beau, mais c'est absolument totalement râté. Et cela est bien dommage.

 

      Il n'empêche que dans la voiture sur le chemin du retour, cela a posé beaucoup de questions, notamment celle de savoir s'il valait mieux sauver une oeuvre ou un homme. Et le problème est que selon moi, il vaut mieux sauver l'oeuvre. Et ce pour une raison très simple. Je ne renie absolument pas l'atrocité des génocides et des guerres, je préférerai qu'il n'y en ai pas. Mais pour moi, il y a de toute manière beaucoup trop d'hommes sur Terre, et l'humain est une espèce qui de toute manière repousse toujours. Il y aura toujours des hommes. Sauf qu'une oeuvre d'art détruite, elle ne reviendra jamais, elle ne repoussera plus jamais. Or, pour moi, annihiler l'art c'est juste ôter aux générations futures, celles des humains qui va nécessairement revenir la capacité de s'interroger sur son passé, sur son état et créer une génération stupide, et très facilement malléable. Alors entre détruire tous les hommes, et détruire toutes les oeuvres d'art... Je préfére encore que l'on détruise tous les hommes, pour leur éviter de retomber dans un état d'asservissement total. Et j'ai pour appuyer mon propos un exemple très simple : l'art est précisément le moyen privilégié pour les dictateurs de tenir sous leurs jougs des milliers d'hommes - en détruisant le passé d'une civilisation, on détruit sa faculté de penser.

      Alors je suis désolée, mais quand je vois la guerre en Syrie, je suis tout autant traumatisée par le sort des enfants que celui des architectures et des oeuvres d'art détruites.

      La question qui vient immédiatement ensuite bien sûr est celle de savoir qu'est ce qu'une oeuvre d'art. Et là, je n'ai pas de réponse, mais que des impasses. L'oeuvre d'art est ce qui ne sert à rien - dans ce cas, l'architecture n'est pas de l'art ? L'oeuvre d'art est une oeuvre faite par un génie - soit, mais qui décide du statut de génie ? Pourquoi il faudrait que Hugo soit un écrivain plus important que Stephen King ? Après tout, quand on y pense, au moment où une oeuvre d'art est créée elle est en général dénigrée... De Vinci n'était-il pas complétement fou, au point d'être chassé de son propre pays ? (Souvenez vous en, ceux qui disent que la Mona Lisa devrait revenir à l'Italie). Je suis absolument incapable de dire ce que fait un chef d'oeuvre. Je n'ai qu'une simple piste à proposer : l'oeuvre d'art, c'est peut être tout simplement celle sur laquelle on va réfléchir, et qui va profondément nous toucher. Que ce soit dans le domaine de la peinture, de la sculpture, de l'architecture, de la littérature, du cinéma, de la musique... Et aussi une chose à affirmer : l'art est absolument fondamental. Point.

 

      Sinon... Je dois avouer qu'entre mes cours à la fac, mon travail à la bibliothèque de Jussieu le soir, les cours que je donne certains soirs et en week end, mais aussi mes dimanches avec mes amis, je n'ai plus grand temps de tenir ce blog, de me tenir au courant de ce que devient le monde autour de moi. Je n'ai plus vraiment le temps de penser à moi tout court. Je ne me plains pas, j'adore ça, être sans cesse occupée.

25 février 2014

Jack et la mécanique du coeur & La Vie rêvée d'Ernesto G.

      Une fois n'est pas coutume, je vais vous parler de deux oeuvres en même temps : un film (ou plutôt un dessin animé que j'ai vu hier), et un livre que j'ai terminé hier. Pour le film, il s'agit de Jack et la mécanique du coeur, une adaptation en animé d'un livre et d'un CD du groupe Dionysos. Pour le livre, il s'agit de La Vie rêvée d'Ernesto G. de Guenassia. Et pour ces deux oeuvres, qui sont très différentes, il y a une histoire un petit peu plus importante derrière.

 

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      Commençons par le film. J'ai connu l'histoire grâce à ma meilleure amie qui m'a fait découvrir le livre et le CD. Cela a été un coup de coeur. C'est l'histoire d'un petit garçon qui va naître le jour le plus froid du monde, un jour tellement froid que quand il naît, son coeur est gelé. Heureusement, il naît auprès d'une sage femme qui est un peu sorcière, et qui va le sauver en remplaçant son coeur par une horloge. Il a trois règles à suivre pour que son coeur continue de fonctionner : ne pas jouer avec ses aiguilles, contrôler sa colère et surtout, ne jamais tomber amoureux, car son pauvre coeur-horloge ne saurait supporter la charge émotionnelle. Evidemment, comme tout jeune garçon qui se respecte, il ne va pas respecter ces règles, et lors de sa première sortie dans le monde, il va tomber amoureux d'une jeune fille qui devrait porter des lunettes mais ne le fait pas car cela lui donne des airs de mouche : Miss Acacia. A peine ils se connaissent qu'elle disparaît. Quelques années après, l'ayant toujours dans le coeur, il va aller la retrouver. Faisant fi de la règle selon laquelle il ne faut pas qu'il tombe amoureux...

      C'est une très belle histoire, que ce soit dans le livre ou dans le CD. Mais je dois avouer que ce dessin animé est particulièrement touchant, et il parvient à allier le livre, et les musiques emblématiques du CD, même si elles sont parfois légérement changées. Si bien que nous avons finalement un dessin animé qui se présente comme une comédie musicale, juste assez équilibré pour que les chansons ne prennent pas la tête, mais au contraire portent l'histoire. Les dessins, en outre, sont vraiment très beaux, et très fins, et nous permettent de rentrer avec plaisir dans cette histoire d'amour. D'ailleurs, moi qui craignais que mes histoires de coeur m'empêchent d'apprécier les histoires d'amour et romantiques, j'ai été agréablement surprise. Parce que cet amour inconditionnel de ce jeune homme pour une fille qu'il a vu une fois, m'a fait rêver, et me dire que moi aussi, un jour, j'allais y avoir droit.

      Pas la peine de vous faire un dessin, justement, Jack et la mécanique du coeur a été un coup de coeur.

 

      Le livre, maintenant. Il y a deux ans environ j'ai découvert cet auteur l'été, en m'ennuyant et en piochant au hasard dans les rayons de la bibliothèque de ma ville, un titre qui sonnait juste : Le Club des incorrigibles optimistes. Ce livre met en scène la vie d'un jeune garçon qui grandit à travers l'art et la littérature dans le Paris de l'entre deux guerre mondiale. On y rencontre des personnes réelles qui se mêlent merveilleusement bien avec les personnages fictifs. Alors lorsque j'ai vu sur les affiches de métro qu'un de ses livres avait été adapté en poche, je me suis dit que peut être ils l'auraient en broché à la bibliothèque... Et gagné. La Vie rêvée d'Ernesto G. m'a portée durant ce week end de grippe où j'ai plafonné à 40° de fièvre. C'est un très beau livre, qui de nouveau reprend la vie d'un personnage de son enfance à sa vieillesse, mais ce coup-ci à Prague, entre 1917 et 2007. Ce n'est pas réellement vous spoiler de vous dire qu'il va être centenaire. Joseph, le personnage principal est un médecin biologiste très doué, qui va vivre à Prague, à Paris, à Alger puis de nouveau à Prague. Qui va vivre des histoires d'amour et d'amitié compliquées, qui va se marier, qui va se blottir dans ses désillusions mais aussi rêver de nouvelles choses. La quatrième de couverture résume très bien ce livre : "c'est l'histoire d'un héro malgré lui qui va traverser le siècle".

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      En ce moment ce sont les vacances alors je lis, je travaille, je dors et je visite. Je suis allée voir l'exposition Gustave Doré d'Orsay avec un ami, mais j'ai été très déçue par la scénographie, une nouvelle fois. Orsay ne rime finalement plus pour moi avec exposition réussie. Mais tant pis. Demain je vais avec une autre amie à Pompidou, et samedi à Versailles. Mais là, c'est plus parce que mes profs ne cessent d'insister pour que je le fasse. Bref, la vie continue.

14 février 2014

Il y a 360 jours...

      Il y a quasiment un an jour pour jour, ma vie changeait littéralement. J'étais alors une jeune fille douée dans sa bi-licence droit et histoire de l'art, heureuse en couple, mince et assez sûre d'elle malgré quelques périodes parfois difficiles. Je n'avais aucune raison de croire qu'une maladie orpheline allait me tomber dessus le 20 février 2013. C'est ce soir là que j'ai fait ma première crise. Imaginez un oedème de Quincke, mais sans rougeur et en pire. Une langue énorme qui sort de la bouche, mais on n'étouffe pas. Quoique. En 360 jours j'ai en tout et pour tout manqué de mourir trois fois. Bref. Ma maladie venait de réellement se déclarer.

      Comment l'expliquer simplement ? J'ai un problème hormonal dans le sang, ce qui fait qu'une certaine protéine n'est pas assez présente. Le manque de cette protéine provoque des oedèmes, des gonflements localisés - en l'occurrence, moi c'est à la langue, et au ventre. Quand j'ai une crise au niveau de la bouche, j'ai 25% de risque de mourir. Lorsque c'est au ventre, j'ai 75% de risque, la douleur étant à un point tellement insupportable qu'elle peut provoquer un court-circuit pour ainsi dire. Mes crises au ventre demeurent néanmoins plus rares que celles à la langue, et me laissent dans un sale état pendant quelques temps. Au début, j'avais une crise à peu près tous les trois jours. Vous vous doutez bien que j'en ai loupé des cours ! Deux mois à dire vrai - mais j'ai quand même validé mon année, pile à la moyenne en droit et un petit peu plus en histoire de l'art. On a réussi à espacer les crises à toutes les trois semaines à partir d'avril à peu près. Mais le nombre de médicaments injectés sans raison aucun (corticoïdes et cortisone à haute dose, des anti-histaminique en veux tu en voilà...) plus les déréglements hormonaux m'ont fait prendre 25kg. Autant dire que je ne suis plus mince, mais un petit peu (beaucoup ?) ronde maintenant ! Depuis janvier, on a enfin trouvé un traitement qui empêche les crises - à peu près toutes les trois semaines, j'ai 72h où je ne me sens pas très bien, et où je suis gonflée, mais pas en véritable crise. C'est une sacrée amélioration ! Sauf que le moindre oubli peut me précipiter dans une crise d'une violence inouïe - c'est ce qui s'est passé, hier, à la fac. Encore heureux que j'avais une piqûre stoppe-crise sur moi, et une amie topissime qui a pu me la faire. Bref, la maladie, elle s'est stabilisée. Mais le psychique dans tout ça me direz vous ?

      Et bien le psychique n'est pas tout à fait en forme. Ancienne anorexique, être en surpoids, même léger, est certains jours atrocement difficile à vivre. Au point d'avoir envie de le mutiler parfois - je ne le fais pas, mais parfois, j'y pense. Devoir abandonner le droit, abandonner le rêve de probablement être mère un jour puisque je ne peux pas me passer de la pilule (sinon, je finis les fesses à l'air dans un escalier sordide de la fac pour me faire piquer, alors...), abandonner même le rêve de travailler à l'international. Ne pas être reprise au Louvre à cause de cela. Mais surtout me mettre à "convulser" à chaque grosse angoisse (je le mets entre guillemets parce que ce ne sont pas des convulsions à proprement parler, mais mon corps qui m'échappe et se met à faire des mouvements répétitifs au niveau du haut du corps) et donc perdre certaines de mes capacités comme mon excellente mémoire à cause des médicaments, ne plus jamais avoir une nuit correcte et perdre encore un petit peu plus mes capacités physiques, faisant de moi un rat de bibliothèque rondelet. Un comble ! Je ne suis pas sortie tout à fait indemne de cette expérience, croyez moi. Et elle revient à chaque panique, comme hier, où j'ai bien failli me blesser sérieusement, à trembler alors que j'avais une double crise ventre-langue. Je ne risque certainement pas d'oublier que mon corps se rebelle contre moi, ça c'est sûr. Alors je compense parfois en crise de boulimie - de nourriture ou de dépense. Mais je m'améliore, j'arrive de mieux en mieux à les gérer. On m'aide, il faut le dire - heureusement que maman et belle maman sont là.

 

      Alors qu'en est-il de ma vie actuelle ? Il y a un an, j'étais en couple, je ne le suis plus. Et je commence tout juste à accepter que non, il ne reviendra pas, et que je dois avancer toute seule maintenant. Il y a un an j'étais en bi-licence et plutôt pas mauvaise. Mais je n'avais aucune relation avec les gens de ma promo. Je suis en licence simple maintenant et je plante mes partiels quand on teste de nouveaux médicaments pour maîtriser à la fois mon psyché et mon corps. Mais j'ai trouvé deux amies absolument formidables. Et je n'aurais jamais pensé que je pourrais savoir dessiner, que je pourrai m'attacher ainsi à un enfant à qui je done des cours. Je ne savais pas que je pouvais lire autant de livres et aimer autant de films différents. Je ne savais pas non plus que j'étais parfaitement capable de me débrouiller pour acheter un ordinateur performant, pour économiser, et pour trouver un travail à mi-temps. Tout cela, à dire vrai, je ne le savais même pas il y a encore quelques semaines.

      Donc oui, je suis malade. Oui, je n'ai plus une taille de mannequin. Oui, je me sens souvent très seule. Mais en fait, tout cela n'est pas si grave. Parce que j'ai grandi. Parce que je parviens à comprendre et à assumer mes erreurs, parce que j'ai des projets, parce que j'aime enseigner, parce que je retrouve le plaisir de lire sans cesse, parce que j'ai des amis sur qui compter, parce que je forme mon oeil à l'art. Parce que j'ai compris qui je voulais être dans la vie. Alors il va me falloir encore un peu de temps pour le devenir, ce n'est pas si simple de passer de la pensée à l'action, mais je vais essayer. Je veux être une fille aimante, une amie présente, une historienne de l'art douée, une fille qui porte les cheveux courts et qui collectionne les figurines My Little Pony. Mais aussi une femme qui veut séduire, qui veut réussir dans son travail, qui veut accomplir ses projets. Et une femme heureuse de pouvoir dire qu'elle avance dans les pas de sa maman, la tête haute, toujours.

 

      Juste, je vous en prie. Ne me laissez pas seule.

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Chroniques d'une étudiante pas tout à fait comme les autres
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Chroniques d'une étudiante pas tout à fait comme les autres
  • Parce que lorsqu'à 22 ans, on a une maladie orpheline, des études d'histoire de l'art, des problèmes de kg en trop, des livres à faire découvrir, une vie de folle... On est une étudiante pas tout à fait ordinaire. Bienvenue dans mon monde.
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