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Chroniques d'une étudiante pas tout à fait comme les autres
25 janvier 2014

Le Vent se lève, d'Hayao Miyazaki

      Je dois m'astreindre aujourd'hui à une critique bien difficile pour moi, celle du dernier et ultime film d'Hayao Miyazaki, Le Vent se lève, il faut tenter de vivre, sorti mercredi au cinéma. Difficile parce que de manière subjective, je n'ai pas du tout aimé ce film, mais alors vraiment pas. Je me suis ennuyée, j'ai trouvé que l'histoire était assez mal organisée, le thème ne me touchait pas réellement, et pour moi, il ne ressemblait pas du tout à un Miyazaki. Mais difficile aussi, parce que de manière objective et après avoir lu diverses critiques pour tenter de le comprendre, je trouve que le réalisateur a encore réussi avec brio ce qu'il cherchait à faire.

Le-Vent-se-leve-sur-la-polemique_article_landscape_pm_v8      Contrairement à ses autres films tels que Princesse Mononoké (qui me fait systématiquement pleurer) ou Le Château ambulant, qui sont des films basés en grande partie sur l'imaginaire, Le Vent se lève est pour ainsi dire une biographie mise en image. Celle de Jiro Horikoshi, l'inventeur des avison Zeros qui ont provoqués tant de morts durant la Seconde guerre mondiale. On y rencontre un jeune homme qui n'a qu'un seul rêve : créer de beaux avions, et qui regrette amèrement leur utilisation à des fins de destruction. Un passage dans le film est d'ailleurs assez marquant à ce propos : il présente le prototype d'un très bel avion, qui enthousiasme les autres, mais il dit devoir y renoncer car ne peut pas y transporter de mitraillettes. Ce à quoi, son patron répond que c'est un homme sage. Un homme sage ? Ce n'est pas réellement ce qu'a voulu montrer Hayao Miyazaki : il a plus cherché à montrer un homme dont le talent et la vie sont gâchés par cette course à l'amélioration lancée par le Japon dans les années 30. Une période bien noire, puisqu'une période où le pays était d'une pauvreté affligeante, mais où le gouvernement dépensait des sommes folles pour l'armée. Ce film est donc une biographie, mais aussi une critique de la politique du Japon et un apologisme du pacifisme. Les scènes de guerre fantasmées sont d'une beauté et d'une horreur absolument incroyables.

      C'est un aspect du film que j'ai aimé. L'esthétique de l'image et la musique sont juste époustouflants. On en prend pour ainsi dire plein les yeux. Si je n'ai pas supporté l'histoire d'amour stupide entre Naoku et Jiro, où la jeune femme s'oublie et meurt de la tuberculose dans l'indifférence a priori totale de son mari, occupé à faire ses "beaux avions", je ne peux absolument pas critiquer que le fond du dessin animé est un chef d'oeuvre. Si un jour je pouvais dessiner de cette façon... Bref. Même si je comprends ce qu'à voulu faire Miyazaki, je ne peux pas dire que j'adhère à ce film. Parce que je ne m'attendais pas du tout à cela, que c'est un film totalement à part dans l'oeuvre du réalisateur, et que l'histoire d'amour traitée est réellement révoltante. Soit, nous sommes dans les années 30, mais avions nous réellement besoin d'une femme dont la personnalité est si parfaite, si lisse, si peu attachante ? D'une femme prête à mourir pour que son mari réalise ses rêves ? Ce n'est pas du tout l'image de la femme donnée dans les films de Miyazaki normalement (Mononoké vit pour elle et ses principes, ses idéaux, non pour un homme !), et je dois avouer que Naoku est pour moi un personnage plus que secondaire. Alors même que c'est elle sur l'affiche du film !

      La conclusion de cette critique est donc difficile à faire. Oui, j'ai aimé les dessins, j'ai aimé le peu d'imaginaire inclu dans le film. Mais non, je n'ai pas aimé l'histoire, je ne me suis pas sentie bouleversée et transie comme à chaque fois que je regarde l'un de ces films. Donc, même si je conçois mieux l'idée du réalisateur derrière Le Vent se lève, non, je ne l'aime pas. Il m'a déçue. C'est un film plein de contradictions, auquel on ne peut pas s'attendre quand on voit l'affiche du film et qu'on pense au titre, et qui reste brouillon. Même si finalement, le message du fond me touche particulièrement : le vent se lève, il tenter de vivre. Ce n'est pas parce que ta vie paraît chamboulée, et que tes rêves paraissent impossibles à réaliser que tu ne dois pas les faire. Mais assume les conséquences. En l'occurrence, la mort de milliers de personnes à cause des ces avions particulièrement efficaces. Jiro le comprend à la fin : il n'y peut rien, en soit, mais il doit assumer les conséquences de ses constructions. Et vivre avec.

 

      Pour moi, les vacances à Rouen se terminent, je rentre à la maison demain. J'aurais vu la cathédrale (en rénovation, évidemment, chanceuse que je suis !), visité le musée des Beaux Arts, je me serais baladée dans le vieux Rouen et vu des petites boutiques et des librairies particulièrement intéressantes. Mais j'ai aussi appris à mieux connaître une amie, et à me redécouvrir moi même. C'est pour cette raison que j'étais partie, et je pense que cela a marché. Oui, je peux vivre seule, même si cela dans le fond me rend triste. Oui, je ressens toujours ce terrible vide, mais je peux mieux le dompter, maintenant que j'ai compris que ma personnalité, la personne que je suis ne dépend pas de ce vide. Il fait parti intégrante de moi, mais ne me définit pas. Je ne suis pas une personne vide, mais plutôt quelqu'un avec de multiples facettes, que je dois apprendre à mieux connaître et à développer. On m'a ôté un amour, mais on m'a peut être un peu plus rendue à la vie, finalement.

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  • Parce que lorsqu'à 22 ans, on a une maladie orpheline, des études d'histoire de l'art, des problèmes de kg en trop, des livres à faire découvrir, une vie de folle... On est une étudiante pas tout à fait ordinaire. Bienvenue dans mon monde.
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