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Chroniques d'une étudiante pas tout à fait comme les autres
22 janvier 2014

Il résiste, le bougre, il résiste.

      Il y a maintenant un an et sept mois, j'ai rencontré un homme, que je pensais être l'homme de ma vie ; ou tout du moins, je pensais faire une longue partie de ma vie avec. Cousin du copain de ma meilleure amie, notre rencontre était due au hasard, et j'ai réellement aimé ça. Tout de suite, entre nous, il y a eu une grande complicité. Ses yeux étaient très doux, ses gestes parfois peu emprunt de grâce et il ne parvenait pas à parler de lui, mais quelle importance ? J'étais déjà sous son charme. La semaine suivante, nous sortions ensemble - un petit peu plus grâce à moi que grâce à lui, puisqu'il n'était pas très doué et que je n'avais pas vraiment compris que je lui plaisais. Je l'espérais, on va dire.

      Les débuts n'ont pas été très simples. Pour lui comme moi, cela faisait longtemps que nous n'avions pas été en couple et il fallait apprendre ce que c'était que vivre de nouveau à deux. Malgré cela, j'avais confiance en moi : il était la personne qu'il me fallait. Plus je le découvrais, plus je ressentais des sentiments pour lui. Je crois que pour ainsi dire je l'ai aimé quasiment de suite. Il était doux, il était fragile et fort à la fois, il me faisait rire et m'écoutait. Il ne me critiquait jamais, et ses yeux ne cessaient de m'exprimer son admiration pour moi. J'aimais qui il était, mais aussi ce que j'étais face à lui. Je n'avais absolument pas besoin de me cacher, tout était naturel. Du moins pour moi.

      Puis je suis tombée malade. Cette fichue maladie qui m'a replongée dans la dépression, qui m'a fait prendre 20kg, qui a gâché nombre de nos sorties, qui m'a obligée pour les vacances à partir dans un endroit qui en réalité ne le tentait pas vraiment. Mais, chose incroyable, il est resté près de moi. Il a appris à me soigner, à m'aimer comme j'étais. Répondant au moindre de mes appels au secours, lorsque j'étais en crise, seule et paniquée. Alors pour moi, cela se confirmait, il ne pouvait que être l'homme de ma vie, puisque même s'il ne me disait rien, il était toujours là, il ne fuyait pas. J'étais tellement bien avec lui, et lui paraissait tellement bien lui aussi avec moi. Comment est ce que cela aurait pu être autrement ? Notre complicité, notre tendresse, tout cela démontrait un amour profond et sincère. Même s'il ne me parlait jamais de ses sentiments, et me demandais de patienter lorsque je voulais savoir si lui aussi, avait envie de faire sa vie avec moi.

      Puis tout a basculé. Il est parti 15 jours en Martinique, je me suis retrouvée à l'hôpital pour quelque chose de plus grave, et il n'est pas venu de suite. Je le lui ai reproché, me sentant abandonnée. Il ne l'a pas supporté et n'a pas su me pardonner. En outre, il avait changé, il n'était plus la personne que j'avais toujours connue. On a essayé de recoller les morceaux, et j'ai tout fait pour, mais chaque jour, je le sentais plus loin de moi, même si lui paraissait ne pas en avoir conscience. Il a eu son appartement et je l'ai aidé à emménager, laissant certaines de mes affaires chez lui, puisque c'était les vacances et qu'on en avait convenu ainsi. Mais sa famille s'en ait mêlée, lui expliquant que c'était la pire bêtise de sa vie que de se mettre avec moi. Je crois que déjà depuis quelques temps il gambergeait, mais là, c'est devenu plus difficile. Il se mettait à me faire des reproches, ce qu'il n'avait quasiment jamais fait, du moins pas aussi explicitement. J'ai supporté du mieux que j'ai pu, mais j'ai fini par partir pour me sauver moi même, et pensais-je pour sauver mon couple.

      Je ne suis partie qu'une seule journée. Pour moi, il était logique qu'il allait s'apercevoir que mon absence lui pesait, et que oui il m'aimait. Juste avant que je parte, il me le faisait comprendre, avec des gestes de tendresse. Quand je l'ai appelé pour lui demander si je pouvais revenir, il m'a dit être content que je vienne. Moi j'étais impatiente de le retrouver, prête à recoller les morceaux, prête à tout arranger. Sauf que ça ne s'est pas passé de cette manière là. Il m'a repoussée lorsque j'ai voulu l'enlacer. Puis il m'a expliqué que pour lui, être en couple était trop difficile, qu'il voulait continuer à avoir une vie de célibataire, qu'il ne supportait pas ma présence à l'appartement. Qu'il ne voulait plus essayer de continuer à être avec moi. Que durant un an et demi, tout ce qu'il avait fait avait été calculé, et non naturel. Un énorme coup sur la tête, des journées de pleurs.

      Et me voici maintenant à Rouen, la semaine où j'aurais du être à Lyon avec lui. Hébergée par une amie. Alors oui, la ville et belle, oui j'ai des amis sur qui je peux réellement compter. Même s'il n'y en a pas tant que ça. J'essaye de me reconstruire, de réapprendre maintenant à être seule, à avoir des projets, à vivre pour moi. Mais le problème est que si j'étais déjà vide à l'intérieur alors même qu'il était là, maintenant, c'est encore pire. Il y a un vide très profond, creusé au fond de moi, dans mon coeur et dans mes tripes. J'essaye de le combler mais je ne sais pas comment faire. Je ne sais même plus réellement ce qu'est l'amour. J'ai cru le vivre pendant un an et demi, j'étais prête à m'investir réellement dedans et on me l'a retiré. Je ne suis même plus sûre qu'un jour quelqu'un voudra réellement de moi en tant que tel, avec mes défauts, et ce vide en moi. Non, je ne sais plus ce qu'est l'amour. Je ne sais plus si j'y ai droit. Je ne sais même plus si je l'ai vécu ; tout est tellement remis en doute...

      Alors j'écris, je dessine, j'apprends les pastels, je m'amuse avec mes amis. Toujours en ressentant cet énorme vide, en essayant de le dompter. Mais il résiste le bougre, il résiste.

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Chroniques d'une étudiante pas tout à fait comme les autres
  • Parce que lorsqu'à 22 ans, on a une maladie orpheline, des études d'histoire de l'art, des problèmes de kg en trop, des livres à faire découvrir, une vie de folle... On est une étudiante pas tout à fait ordinaire. Bienvenue dans mon monde.
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